lundi 23 décembre 2013

Le Noël d'Hercule Poirot


A partir des années 1950, les lecteurs britanniques friands de romans policiers avaient droit, en plus de leurs autres cadeaux déposés au pied du sapin, à la publication d’un roman ou d’une nouvelle de la Reine du crime, Agatha Christie.
Cet événement littéraire annuel qui donna naissance au slogan publicitaire de son éditeur : « A Christie for Christmas » était pour un grand nombre d’anglais aussi attendu que le père Noël par leurs enfants. Si ces romans et nouvelles étaient publiés pour les fêtes de fin d’année, l’intrigue, elle, ne se déroulait pas nécessairement à cette période.
En ce 23 décembre 2013, pourquoi ne pas renouer, en quelque sorte, avec cette tradition et se plonger dans un des romans d’Agatha Christie mettant en scène son plus célèbre détective, Hercule Poirot au cours d’une enquête ayant pour décor les fêtes de Noël: Le Noël d’Hercule Poirot.


Publié pour la première fois en Angleterre en 1938, Le Noël d’Hercule Poirot prend une saveur toute particulière. Fait assez rare chez la romancière, le crime perpétré dans ce roman est un meurtre sanglant, très sanglant. Dame Agatha sur l’ensemble de sa production, nous a davantage habitué à des procédés plutôt « propre », à des meurtres presque élégants. Tout du moins,  l’emploi très fréquent du poison dans ses intrigues conduit à des homicides « sans tache ». Ici, la romancière annonce la couleur (rouge sang) dès la dédicace de son livre. Celle-ci est adressée à son beau-frère James Watts qui lui avait réclamé « un de ces bons vieux meurtres bien saignant ». Pour le coup, le voilà servi…
A cette ambiance chargée d’hémoglobine, vient s’ajouter ce qui fait de ce roman un vrai beau cadeau de Noël : Agatha Christie nous offre un meurtre en chambre close dont la résolution finale ne décevra pas le lecteur à cause d’un procédé tiré par les cheveux. Comme à son habitude, la Reine du crime mène le récit d’une main de maître entremêlant autant les fils de son histoire que l’esprit du lecteur. Même si en de rares instants la narration paraît un brin décousue, Le Noël d’Hercule Poirot fait partie des histoires les plus alambiquées imaginées par la romancière pour notre plus grand plaisir. Se servant de Noël comme d’un prétexte à une grande réunion de famille, Agatha Christie organise de manière très classique, mais au combien efficace, sa mise en scène meurtrière. 

Après la présentation des personnages et la description du décor, tout le talent de la romancière réside dans son art de créer des atmosphères lourdement chargées juste en utilisant la psychologie des protagonistes. Antagonisme exacerbé, retrouvailles non désirées, patriarche retors et particulièrement sadique sont les ingrédients explosifs de cette recette de Noël. Quand pour lier la sauce, l’écrivain utilise le ressort testamentaire et fais traîner quelques diamants bruts…, il ne reste plus au lecteur qu'à s’installer au coin du feu et se délecter de cette réunion familiale qui vire au drame sanglant.

Un conseil pour finir:
Si vous êtes un vieux et riche monsieur quelque peu cynique, que pour ce Noël 2013, vous avez décidé de réunir autour de vous tous les membres de votre famille, ce qui ne s’est pas fait depuis 20 ans, qu’un de vos fils et sa femme n’en peuvent plus de l’ascendant que vous exercez sur eux, qu’un autre vous maudit pour la façon dont vous avez traité sa mère, qu’un troisième trouve la rente que vous lui octroyez bien insuffisante, que vous avez méprisé le dernier d’entre eux au point qu’il s’exile depuis des années, et que vous avez ajouté à la liste des invités une jeune fille au sang chaud et le fils inconnu d’un ancien ami, lisez Dame Agatha, annulez et passez le réveillon seul.






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