Chose promise, chose due. Le précédent article annonçait l'exposition inédite organisée au Champ de Mars à l'occasion des 100 ans de la Police Judiciaire de Paris, celui-ci vous entraine à l'intérieur même de l'exposition que j'ai eu la joie de découvrir ce dimanche 24 novembre 2013.
Pour commencer cette visite, un premier conseil: si vous vous y rendez en métro, descendez à la station « Ecole Militaire », c'est la plus proche du Champ de Mars; et cela vous évitera, en descendant « Tour Maubourg », par exemple..., de marcher de longues minutes dans le froid de cette fin novembre.
Ceci dit, cette petite balade, dans un 7e arrondissement parisien quasi désert, sous le ciel gris, au milieu des silhouettes noires des arbres effeuillés, le pardessus remonté jusqu'aux oreilles pour contrer la froidure hivernale, a de quoi mettre dans l'ambiance d'une exposition consacrée aux grandes affaires criminelles et aux enquêtes policières.
Le précieux sésame à la main, une rapide inspection des lieux semble nécessaire. Sous une lumière tamisée et bleutée, plongeant immédiatement le visiteur dans une ambiance très polar, s'étend une vaste zone quasiment vide au fond de laquelle se trouve Le Flagrant Délice, l'espace bar/snacking, d'un côté et Le Pousse au Crime, la boutique, de l'autre.
Pour aller plus avant et pénétrer le coeur de l'exposition, il faut montrer patte blanche, ou plutôt le billet d'entrée. Ceci fait, la plus grande partie des 2000 m² de l'espace s'ouvre au visiteur. Un rapide tour d'ensemble permet, alors, de se rendre compte que l'exposition est composée de quatre parties clairement délimitées: une zone archives des affaires traitées par la Police Judiciaire, une zone présentant les différentes structures de la Direction régionale de la police judiciaire de Paris (DRPJ Paris), une zone traitant des oeuvres de fiction inspirées par la PJ et une zone Expertise.
La zone Expertise est située au centre de l'exposition et bénéficie de la plus grande superficie. Cet espace interactif est l'endroit où les parents venus en famille peuvent laisser les enfants pour explorer et lire tranquillement les panneaux des autres zones. Ici, le pédagogique rejoint le ludique au moyen de nombreux écrans tactiles qui permettent d'endosser la blouse blanche des policiers scientifiques et de faire « comme dans les séries télé ». Comparaison d'empreintes, analyse de documents, écritures et traces, portrait-robot, traces technologiques, analyses ADN...Tous les moyens technologiques mis à la disposition de la police scientifique pour traquer la moindre piste sont, ici, présentés, expliqués et font l'objet d'un exercice ludique simple sur écran tactile.
Le point d'orgue de cette zone est la scène de crime reconstituée face à laquelle il faut mettre en application les connaissances acquises, lors des différents exercices, pour démasquer le coupable.
Si à coup sûr, les enfants (de plus de 8 ans je pense) adoreront cette partie de l'exposition, les parents, eux, passeront plus rapidement sur les petits jeux proposés sur les écrans tactiles, à cause de leur simplicité. Pour autant, les textes explicatifs accompagnant chaque « atelier » sont un très bon complément d'information et il faut saluer le fait que pour un même exercice, au moins trois écrans tactiles sont disponibles à chaque fois.
Tout d'abord, la mise en scène de l'endroit mérite quelques félicitations. L'idée en elle-même est toute simple: le parcours dans l'histoire des affaires de la PJ est formé par des rayonnages métalliques, remplis de boîtes d'archivage, sur lesquels sont affichés les panneaux retraçant chaque affaire. C'est simple, certes mais cela donne réellement l'impression de circuler au coeur d'archives que l'on imagine situées dans les sous-sol du 36 quai des Orfèvres.
Ensuite, pour chaque affaires, un texte clair ni trop long, ni trop court, accompagné de photos relate les événements. Bien sûr, la progression de panneau en panneau se fait de manière chronologique au milieu des rayonnages. D'une histoire à l'autre, le visiteur remonte ainsi un siècle des plus grands crimes qui ont presque toujours défrayé la chronique. Mesrine, le docteur Petiot, le gang des postiches, Florence Rey et Audry Maupin, Pierrot le Fou, Guy Georges, Action Directe, Violette Nozière... Les affaires se suivent, dans ce dédale un peu étroit, et finissent presque à faire tourner la tête du visiteur pris dans le flot de la foule qui se presse pour lire les faits d'armes des figures célèbres du grand banditisme.
Chance unique, au cours de ma visite de ces archives, au détour d'un rayonnage, j'ai eu la chance de tomber nez à nez avec un homme d'une soixantaine d'années qui discutait avec d'autres personnes. Ancien membre de la PJ, il racontait, tout simplement, le déroulement des affaires auxquelles il avait participé, et dont la plupart figuraient sur les panneaux exposés...
La troisième partie de l'exposition présente toutes les structures qui composent la Direction régionale de la police judiciaire de Paris (DRPJ Paris). Chaque porte de ce long couloir est une fenêtre ouverte sur les brigades qui luttent contre toutes les formes de criminalité. Des plus célèbres, « La Crim », « Les Stups », « La Mondaine » ou « Les Mineurs », au plus insoupçonnées, la « Brigade de répression de la délinquance astucieuse » ou la « Brigade d'enquête sur les fraudes aux technologies de l'information », elles sont toutes passées en revue grâce aux panneaux explicatifs qui décrivent leur domaine d'intervention, leurs effectifs, leur histoire... A chaque porte (au-dessus desquelles est présenté l'écusson de la brigade), un écran vidéo diffuse un film permettant de connaître la vie de ces services et des casiers à dossiers en métal contiennent des compléments d'information pour les visiteurs désireux d'en savoir un peu plus.
La visite se termine par la section consacrée à la rencontre entre la fiction (séries télévisées et films) et la Police Judiciaire. Sur les murs s'affichent chronologiquement les films et séries qu'a inspiré le mythique 36 quai des Orfèvres et les hommes et les femmes qui en ont fait sa réputation. On retrouve ainsi sur ces murs de briques rouges les affiches de film comme « Razzia sur la chnouf » avec Jean Gabin, « Brigade des moeurs », « Police Judiciaire » ou plus récemment « Le Cousin », « 36, Quai des Orfèvres », « Le petit lieutenant ».
A cet endroit, une petite animation a beaucoup de succès: il est possible de se faire tirer le portrait façon photo d'identité judiciaire et repartir avec une photo que vous n'aurez jamais l'occasion d'avoir autrement, enfin je vous le souhaite !
Abordant des thèmes aussi divers que « crime à la Une: l'évolution du traitement médiatique des affaires », « l'Antigang », « les grandes dates et les grandes affaires du 36 », « Les nouveaux réseaux d'exploitation de la prostitution » ou « L'affaire Lacheteau », ces conférences d'une demie heure sont animées par des responsables de la PJ, des acteurs de l'univers judiciaire et des grandes figures du 36.
Pour clore cet article, je délivrerai un deuxième conseil: pour profiter au mieux de cette exposition, il est préférable de s'y rendre en semaine, si vous le pouvez. Beaucoup de visiteurs profitent du week-end pour découvrir l'histoire de la Police Judiciaire de Paris, il est alors difficile de circuler dans la zone consacrée aux archives dont les allées sont étroites et de s'attarder devant chaque panneau explicatif.
Retrouvez toutes les photos de l'exposition dans l'Album "1913/2013, 100 ans de la Police Judiciaire de Paris".